PENSÉE DU MOIS – OCTOBRE 2022

AGIR AU LIEU DE RÉ-AGIR

Par Olivier Abossolo

« Astérix et Obélix » de Uderzo-Goscinny

La grande majorité de nos pensées, émotions et actes, se fait par automatisme ou réflexe en fonction de nos croyances, habitudes, mémoires. On ré-agit plutôt que l’on agit. Nous traînons des façons de faire, de penser, de juger, d’aimer même, que nous avons apprises de nos parents, de notre éducation, de l’enseignement reçu, de nos expériences de vie, de croyances qui nous enferment dans un seul et unique « mode de vie ». Nous sommes alors persuadés que c’est comme cela que nous devons faire, tout le temps, et pas autrement.

L’oubli de la temporalité.

En fait ça fonctionne uniquement à un moment de notre vie et/ou dans une situation donnée. Le problème se pose quand nous l’appliquons tout le temps, c’est à dire dès qu’une émotion (souvent la peur) nous projette dans la situation racine (l’événement initial). Nous appliquons alors l’enseignement inculqué (croyance) sans temps d’observation (réflexe). Nous gardons des comportements qui ne sont plus adaptés à notre situation parce que nous ne prenons pas le temps de marquer un temps d’arrêt (mode « Pause » des lecteurs vidéos), pour prendre du recul ou de la hauteur, observer et se demander : «  De quoi ai-je envie maintenant ? Comment je me sens (par rapport à cette situation ou cette personne) ? A quelle étape de ma vie suis-je arrivé(e) ? ».  Et peut-être qu’alors on peut se dire : «  Aujourd’hui je ne suis plus une petite fille de 5 ans. Je suis une femme adulte et je peux me défendre. » Ou : «  je suis un homme de 40 ans qui peut vivre sa vie et non plus un petit garçon qui doit passer son temps et son énergie à satisfaire maman et ne pas se sentir abandonné ». Ou encore : «  Maintenant je peux me faire entendre et respecter sans avoir à crier ou taper », « Je n’ai plus à avoir peur du noir car je sais comment allumer la lumière », etc. … .

En gardant le regard de la conscience fixé sur le passé et les désirs non réalisés, les attentes non contentées, nous oublions que le temps et l’espace ont changé, que nous avons changé. Au lieu de regarder juste devant soi, nous ne nous rendons pas compte que nous n’avons plus 5 ans ou 10 ans. Et donc face à des évènements inconfortables qui nous surprennent (les traumatismes de la vie), qu’ils soient physiques ou psychologiques, nous allons ré-agir, c’est-à-dire reproduire le comportement adopté dans le passé (souvent quand on était enfant), plutôt qu’agir, c’est-à-dire observer et mettre en lumière la situation, l’événement, et l’émotion qui l’accompagne. On se laisse entraîner par un phénomène réflexe sous l’effet de la peur, et ensuite on se culpabilise de ce que l’on a fait et qui nous a été préjudiciable autant qu’à l’autre, et on se culpabilise une seconde fois de s’être fait prendre au piège de l’émotion. Nous n’avons pas permis à notre mental de ré-adapter ce réflexe à l’environnement actuel par une observation et analyse. Car après analyse, notre cerveau peut nous rappeler, en fonction de la situation, ce qui sera bien de faire maintenant.

Mais pour se permettre cette réflexion (observer en miroir la situation donc sans s’y plonger), il est nécessaire d’apaiser l’émotion suscitée par la situation/l’événement. Car c’est elle qui nous précipite dans le réflexe de survie encodé un temps auparavant : la peur.

L’inconnu fait peur.

Cependant, même en sachant cela, nous préférons souvent rester dans des habitudes qui nous font souffrir, plutôt que de faire l’effort d’en sortir et de mettre en place un comportement plus respectueux de nous-mêmes et /ou de l’autre. Qu’est-ce qui nous en empêche ?

C’est parce qu’une habitude reste plus confortable que le changement, même quand elle nous fait souffrir. Pourquoi est-elle confortable même dans la souffrance ? Parce qu’on la connaît, et que ce qui nous fait vraiment peur dans la vie, c’est l’inconnu, c’est à dire ce qu’il y a après le changement. Parce que l’habitude nous évite la séparation, la perte de nos repères extérieurs. Elle nous tient (faussement) dans la sécurité. C’est la peur de l’inconnu qui nous fait souvent rester dans l’inconfortable connu. On choisit alors cet inconfort connu et on rejette le mieux-être inconnu qu’on n’ose même pas entrevoir.

Toutes nos peurs se rassemblent derrière la porte de l’inconnu. Si vous dites à un enfant : « Derrière cette porte, il y a un monstre que tu vas devoir affronter » en décrivant en détail les forces et les faiblesses de ce monstre, il va trouver des solutions ou mettre en place un stratagème pour échapper au monstre, tel les héros grecs légendaires durant leurs odyssées. Si vous confrontez un adulte à une situation difficile mais décrite clairement, il trouvera une solution à travers ses compétences et connaissances, et y mettra l’énergie nécessaire en fonction de l’épreuve. Mais si vous dites simplement à l’enfant : «  Derrière cette porte il existe le monstre le plus terrible que tu puisses imaginer », et que vous ne répondez pas à son questionnement, il se sentira démuni et il en sera terrorisé. De même si vous confrontez l’adulte à une situation difficile sans lui donner les paramètres qui la composent, un sentiment d’impuissance le mènera à la peur de l’échec, peur qui entraînera l’inaction, avec pour conséquence la dévalorisation et la dépression.

L’habitude reste confortable même quand elle nous fait souffrir, parce qu’on la connaît. Ce qui nous fait peur plus que tout, c’est l’inconnu, car notre imaginaire y place toutes nos peurs et angoisses, avec en tête de liste l’angoisse de mort et la peur de la séparation. L’adage populaire : «  On sait ce qu’on a, on ne sait pas ce que l’on aura » résume cette peur du changement, cette peur du risque lié au passage dans l’inconnu.

La peur de l’inconnu nous bloque et nous fait rester dans l’inconfortable connu.

Peur de ne pas y arriver, de vivre un échec, que ce soit pire … ! Même si les premiers essais ne se concluent pas par un mieux-être, ce n’est pas une fin en soi. Ce n’est pas un échec, c’est un pas de plus vers la solution. Imaginez que vous vous trouvez dans une salle fermée par 5 portes. On vous informe qu’une seule porte ouvre vers l’extérieur. Que vous butiez sur une, deux, trois ou les 4 portes fermées avant de trouver la porte ouverte n’est pas important. Ce qui est essentiel, c’est de sortir de la salle ! Le choix d’une porte fermée n’est pas une erreur mais un pas de plus vers celle qui est ouverte, que vous finirez par trouver. L’erreur, c’est de se diriger de nouveau vers une porte qu’on a testée comme fermée juste avant. Car dans ce cas, on n’a pas tiré expérience de l’événement vécu précédemment (porte n°3 fermée), et on reproduit un acte qui ne nous amène aucun bénéfice voire nous est préjudiciable : l’habitude inconfortable. Si nos ancêtres des cavernes n’avaient pas compté parmi eux des esprits entrepreneurs et courageux pour explorer l’extérieur de la grotte, nous vivrions peut-être toujours dans ces mêmes cavernes … .

Cette confiance en soi, la foi en la vie et le courage de les exprimer dans l’action, se retrouvent dans l’expérimentation. Osez vivre les choses, osez essayer, osez demander à l’autre, à la vie. Expérimentez la vie, dans le respect de soi, de l’autre et de la vie.

Quand on pense à Moïse qui a guidé son peuple hors d’Égypte, on pense que tout le peuple hébreux l’a suivi. Mais ce n’est pas le cas. Seule une partie du peuple hébreux a cru en Moïse. Malgré qu’il y ait eu les miracles des 7 plaies de l’Égypte, malgré le fait qu’il soit accompagné d’une Flamme Divine visible attestant de la présence de Dieu à ses côtés, seule une partie des hébreux l’a suivi : ceux et celles qui avaient confiance en lui et en eux, foi en Dieu, et le courage de braver l’autorité oppressive (le pharaon) . Moïse exhortait le peuple à le suivre hors d’Égypte pour aller vers la Terre Promise, donc vers la liberté, l’abondance et l’amour de Dieu (ce n’est pas rien quand même !), et malgré cela des hébreux sont restés en Égypte. Car dans le même temps, le pharaon, par l’activation pleine et soumise de ses médias de l’époque, promettait paix, confort, sécurité, santé,… . Le pharaon promettait aux hébreux qui ne suivraient pas Moïse qu’ils seraient considérés comme égyptiens (et donc plus des esclaves), s’ils reniaient leur Dieu (celui de Moïse) et adoraient les dieux égyptiens, ce qui signifiait qu’ils pourraient ainsi vivre librement, paisiblement, confortablement et en sécurité en terre rouge. En même temps il promulgua à ceux qui suivraient Moïse le bannissement et la mort s’ils revenaient en Égypte.

Pour le groupe qui a suivi Moïse, le risque de périr dans le désert était bien présent, sans retour possible en Égypte si les choses se passent mal. Ce qui a permis à ce groupe de dépasser ses peurs et de choisir de suivre Moïse, c’est la foi en Dieu et en Moïse, et la confiance en leurs capacités à surmonter ensemble cette épreuve (lien social et/ou familial solide).

Des remèdes  Docteur ?

Tous ceux et celles qui ont osé passer la porte de l’inconnu ont manifesté ces 3 sentiments : la confiance, la foi et le courage. Ou pour s’exprimer plus précisément : la confiance en soi, la foi en la vie et le courage de les incarner (passage à l’acte).

Se faire confiance qu’on va pouvoir changer, qu’on va pouvoir aller chercher une situation qui nous convienne mieux. Et que si ce n’est pas encore ce qui nous convient, d’en tirer expérience (observation, analyse, rectification) pour modifier notre direction et aller vers une autre solution. Et souvent quand cette nouvelle situation nous convient (après un changement), une des premières réflexions qui nous vient est de se dire : «  Si j’avais su que ce serait aussi bien, je l’aurais fait plus tôt ! ».

La confiance en soi peut être inhibée par une faiblesse physique (ex. : maladie) ou psychologique (ex. : dépression) ou encore matérielle (manque d’argent) ou une pression socio-familiale ou religieuse,… . Dans ces cas rechercher de l’aide ou un accompagnement pour diminuer ou effacer le poids de ces contraintes, est déjà un grand pas en avant vers le changement.

La méditation comme clé.

La méditation permet de s’arrêter sur notre chemin de vie pour observer notre situation présente, ressentir nos corps physique, émotionnel et mental, et à chaque fois re-décider du chemin qu’on désire suivre. La méditation c’est cet instant d’observation de ce qui s’est passé dans la journée pour y déceler les vieilles habitudes appliquées par réflexe, et pouvoir les rénover  ou les effacer pour l’avenir. A ce moment là, on devient conscient de notre vie, conscient de nos actes, paroles et pensées, conscient de soi. C’est un regard à la fois sur le bagage avec lequel on avance dans la vie et où on désire aller. Car c’est là où réside le bonheur : être à la « bonne – heure » au bon endroit en bons termes avec soi et le monde qui nous entoure. Et ces 3 items peuvent être choisis consciemment.

Des milliers de modèles d’automobiles existent afin de satisfaire les moindres désirs des consommateurs, du tracteur à la Ferrari. Vous pouvez acheter une Ferrari pour labourer votre champ … Il y en a qui l’ont fait … Ils ont eu des problèmes !  Et il est fort à parier que la récolte n’a pas été bonne. Si vous ne vous rendez pas compte que la Ferrari n’est pas  le modèle adapté pour labourer un champ, vous allez vous rejeter toute la responsabilité de l’échec (« Je suis nul ! », « Je suis un incapable ! », …), et non le fait que le véhicule ne soit pas adapté. Idem à l’inverse si vous optez pour un tracteur pour parcourir un voyage touristique de 3000 kms.

Tant que vous ne prendrez pas conscience de la nature du véhicule que vous conduisez, et que vous ne confrontez pas ses caractéristiques à l’emploi que vous désirez en faire et à l’environnement dans lequel vous comptez l’utiliser, ça ne marchera pas ou moins bien, et vous continuerez à vous culpabiliser et à vous plaindre d’une injustice divine ou humaine, le fameux : « Pourquoi moi ? Mais qu’ai-je donc fait pour mériter cela de la part des hommes/de Dieu ?! ».

Si avant d’acheter un véhicule, avant de démarrer, l’un dit : «  je veux un véhicule pour labourer mon champ ». L’autre dit : «  je veux un véhicule pour rouler sur l’autoroute ». Et que chacun vérifie avant de démarrer qu’il est dans le véhicule adéquat et sur le terrain adéquat, il y aura moins de déconvenues. Chacun pourra rectifier le choix avant de démarrer. Si chacun prend le temps de savoir ce qu’il désire faire, ce qu’il désire vivre et expérimenter avec ce véhicule, de poser son projet, le choix se fera plus harmonieusement, avec moins de disparités et donc de risque d’incongruence.

Ce sont alors des personnes conscientes de qui elles sont, de leurs besoins et de leur projet de vie, et du monde qui les entoure. Il y aura donc beaucoup moins de culpabilisation, beaucoup moins de dévalorisation, beaucoup moins de tristesse et de colère, beaucoup moins de maladie.

Comment je me sens ? Qu’est-ce qui me convient ? Vers quoi ai-je envie d’aller ? Qu’est-ce que je mets en place pour y arriver ?

La méditation aide à cela, à se poser 5 à 10 minutes quotidiennement dans sa vie pour se poser les questions de base et surtout se laisser le temps d’y répondre : «  Où en suis-je ? Comment  je me sens ? Qu’est-ce qui me convient et qu’est-ce qui ne me convient pas dans ma vie, ici et maintenant ? A quoi j’aspire ? Quel environnement m’entoure ? », afin  de faire les ajustements nécessaires chaque jour, pour cheminer mieux (vers notre but) et pour mieux être (sur le chemin qui nous mène au but).

5 à 10 minutes de méditation sur soi et l’étape de vie terrestre que l’on traverse (le moment présent) nous permettent de se libérer des habitus et des croyances qui nous emprisonnent, de se délester des breloques qui ne servent plus à rien et de voyager plus léger sur notre chemin de vie, d’être tout simplement plus libres et plus responsables de notre vie.

Cela nous donne le courage d’agir avec confiance et amour, dans la reconnaissance et le respect de notre identité première, d’être bien en étant soi.

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Un mot sur l’auteur

Docteur en médecine (médecine générale, médecine d’urgence, anesthésie-réanimation) et formé à divers outils de médecine naturelle (hypnose éricksonienne, homéopathie, phyto-aromathérapie, thérapies fréquentielle instrumentales, soins énergétiques et spirituels, …), j’associe depuis plus de 25 ans la médecine scientifique occidentale et les médecines traditionnelles les plus anciennes dans ma pratique professionnelle.