VIVRE EN CONSCIENCE
Par Olivier Abossolo
On entend souvent parler de « passer à une autre dimension », « passer dans la 5ème dimension » ou encore « passer dans une autre conscience », ou « vivre le moment présent », « être conscient de nos pensées, de nos paroles, de nos actes », « faire les choses en conscience (manger, dire bonjour, marcher, …)… . Et en fait on peut donner au mot « conscience » beaucoup de sens différents, autant qu’il y a d’êtres humains.
Dans toutes les traditions on parle de « vivre en conscience ». Disons que vivre en conscience est vivre VRAI, sans se mentir, sans mentir aux mondes (physique et spirituel) qui nous entourent. Il est de fait que dans notre monde actuel, la vérité fait un peu défaut. Et justement, c’est quand on se trouve au plus loin de la vérité qu’on s’en rapproche, car les voiles de l’illusion sont tendus au point de se rompre et de laisser la vérité se révéler.
Nous sommes dans un monde qui est en train de mourir, en train de s’effondrer pour passer à autre chose. Et donc tout ce qui a besoin de se transformer va se révéler. Quand il y a une mauvaise odeur dans votre cuisine, la première chose que vous faites pour y remédier, c’est d’ouvrir touts les tiroirs pour voir d’où ça vient. Alors ne vous étonnez pas que dans le monde actuel, tous les tiroirs s’ouvrent … . Et dans certains tiroirs la putréfaction s’est incorporée au bois. Il faudra alors jeter aussi le tiroir car le nettoyer ne suffira pas. Et ça peut alors faire un peu mal, forcément.
La majorité des personnes pensent que vivre en conscience dans sa vie quotidienne est quasiment impossible. On a l’impression que c’est impossible, car cela voudrait dire faire attention à tout, porter attention à tout, tout le temps. En fait, c’est beaucoup plus simple. Il suffit d’être attentif à ce qui nous convient et à ce qui ne nous convient pas.
Quand vous avez une pensée qui vous vient, une parole à prononcer ou une action à entreprendre, posez-vous la question : « Est-ce que ça me convient ou est-ce que ça ne me convient pas ? » (cette pensée, ces mots, cette action).
Est-ce que ça me convient en fonction de ce vers quoi j’ai envie d’aller, de la personne que j’ai envie d’être, de ce que j’ai envie d’émaner. Vous allez me dire : « c’est logique, mais on n’y a jamais pensé ». C’est simple mais ça reste toujours difficile, car notre ego va toujours chercher des circonstances atténuantes par le « Oui Mais », le fameux « Oui mais » ! :
– « J’en ai marre de mon travail, j’ai envie de changer » … . Oui mais « c’est difficile de trouver du travail en ce moment, et puis on sait ce qu’on a et on ne sait pas ce que l’on aura ». « Je ne peux pas me permettre de prendre le risque de ne pas retrouver du travail »… .
– « Je n’en peux plus de cette relation … . Oui mais « C’est compliqué. Puis je n’ai pas l’énergie, pas la force ». … « On va faire un enfant, ou déménager, ou partir en vacances, et ça changera peut-être les choses. » … « Il/elle ne sait pas faire autrement. Je ne sais pas faire autrement. C’est comme ça »…. « J’ai peur de finir ma vie seul(e). »
Alors rien ne change. Et on continue de subir, et de subir encore. On a mal, et on se met de plus en plus sous la contrainte. Du coup on a de plus en plus mal, et la contrainte devient de plus en plus insupportable, et le cercle vicieux est bouclé.
Cette contrainte entraîne une souffrance continue qui ne cesse d’augmenter, souffrance physique, psychique et spirituelle. Sur le plan physique la souffrance se nomme « maladie », sur le plan psychique « dépression » et sur le plan spirituel « perte de sens ». Et quand il n’y a pas de contrainte, il y a la liberté, la santé, la joie et la confiance en soi et en la Vie.
Si vous tirez sur la branche d’un arbre et que la force que vous exercez ne dépasse pas la souplesse de la branche, elle va plier sans se rompre, puis va revenir à son état antérieur (équilibre). Il y a une contrainte supportée par une adaptation équilibrée. Il n’y a pas de souffrance. Mais si la force de traction imposée (contrainte) est supérieure à ce que peut endurer la branche, elle va commencer à souffrir (perte de souplesse, début de fissuration (déséquilibre)), puis rompre si cette contrainte devient trop excessive dans le temps ou l’intensité, ou se détourner de sa volonté première (qui est de rechercher la lumière) pour subir cette contrainte sans se rompre.
Les « oui mais » sont de multiples contraintes que l’on s’impose dans la vie. Elles se superposent et s’intensifient jusqu’au moment où le corps lâche, le cœur lâche, la tête lâche. Il est vrai que nous vivons dans une société qui imposent énormément de contraintes (pensée unique, modes, normes sociales, coût de la vie qui n’en finit pas de grimper, lois liberticides, …). Et on se demande comment faire pour s’en libérer.
Souvent on réduit cette contrainte aux biens matériels : « Si j’avais de l’argent, je serais heureux ». Pourtant il y a de la souffrance même chez ceux qui sont fortunés. Et dans les milieux où tout est organisé pour se libérer des contraintes matérielles au profit de l’Esprit (cloîtres, monastères, …), il peut y avoir aussi de la souffrance dans le cœur des résidents.
Est-ce vraiment l’environnement qui nous met sous contrainte ? Ce qui est certain, c’est que ce n’est pas l’environnement qui dit : « oui mais ».
Je vous invite à faire un petit exercice pendant quelques minutes. Trouvez un exemple dans votre vie où vous avez posé (ou posez) le « oui mais ». Prenez le temps de prendre un exemple concret.
Puis transformez le « oui mais » en « OUI DONC » :
-« Je ne veux plus de ce boulot. « Oui mais », « OUI DONC …. »
– « Je n’en peux plus de cette relation ». « Oui mais », « OUI DONC …. ».
Observez ce qui se passe en vous. Et ne lisez la suite qu’après avoir réalisé cet exercice.
Le « oui donc » ouvre des portes, alors que le « oui mais » nous met dans une impasse.
Le « oui donc » met en mouvement alors que le « oui mais » stoppe notre élan.
Le « oui donc » fait peur car il nous met face à la passerelle que nous devons emprunter pour traverser le précipice. C’est une porte ouverte sur l’opportunité de changer, de se faire du bien, d’aller vers ce qui nous convient, de lâcher les contraintes et donc les souffrances.
La peur du « oui donc » vient souvent en premier lieu d’un manque de confiance en soi, nous sentant incapable de faire ce que nous indique le « oui donc » ou d’en assumer les conséquences. Pourtant l’humain est l’être qui détient la plus grande faculté d’adaptation sur Terre ! Pourquoi ? Parce que Dieu nous a donné le plus beau cadeau qui soit : le libre arbitre. Mais ce n’est pas tout ! Ce libre arbitre est assorti de tous les outils pour le réaliser ! C’est le « cadeau bonus » que nous avons reçu du Créateur avec la liberté de choix : l’intelligence, qui permet de réaliser le choix effectué. Alors chacun est capable de survivre dans n’importe quelle condition ! L’homme a envie de faire du mal ? Pas de problème ! Il sait créer les armes, la torture, l’humiliation, l’injustice, … . L’homme a envie d’aimer ? Pas de problème non plus ! Il sait créer les organismes de charité, la Croix Rouge, la communication non violente, l’assistance solidaire, … .
L’homme est capable de tout : voler dans les airs, nager au fond des mers, explorer l’espace, creuser sous terre. L’homme sait même dénaturer la nature ! L’homme fait preuve d’une multitude d’ingéniosités autant pour sauver et embellir le monde que pour le dégrader et le mener à la mort. Quel beau panel de capacités ! C’est comme un pianiste qui aurait devant lui un piano avec toutes les notes de l’univers !
Alors oui, nous sommes tout à fait capables de répondre « oui donc » sans se faire mal.
La seule chose que ça demande à ce moment là, quand la porte s’ouvre, c’est du courage, simplement du courage. Du courage pour oser construire le « oui donc », pour poser le « non » quand quelque chose ne nous convient pas, et le « oui » quand ça nous remplit de bien-être. Le courage pour aussi ouvrir la porte à la communication, à la création, à l’observation de soi. Et c’est là qu’intervient une deuxième qualité du cœur : la compassion.
La compassion envers le monde qui nous entoure, que ce soit l’environnement, que ce soit les circonstances, que ce soit l’être. La compassion va nous permettre d’entrer dans la compréhension. La compréhension du monde ce n’est pas comprendre intellectuellement ce qui se passe, c’est accepter que ce qui se passe soit. La compréhension n’est pas non plus le laisser faire, mais d’accueillir sans jugement ce qui est, tout en respectant l’autre et en se faisant respecter par l’autre, cet autre pouvant aussi être soi-même. Comprendre que ça fait partie d’un tout, qu’il n’y a rien qui ne se perd ou se crée, mais que tout se transforme, que tout vit dans un cycle infini.
A ce moment là, peut-être que par ce déclic et dans cet amour inconditionnel (c’est-à-dire soumis à aucune condition préalable si ce n’est celle du respect qui fait partie intégrante de l’amour), nous réussirons à apprécier ce qu’auparavant nous avions des difficultés à accepter. Parce que nous l’aurons transformé. Et si nous parvenons pas encore totalement, le Créateur nous a doté d’une carte Joker : le pardon. Le pardon permet de lever les obstacles, d’effacer les bugs, et retrouver le flux de l’énergie de transformation.
Ces qualités de cœur (courage, compassion, compréhension et pardon) sont autant d’atouts qui nous permettent non seulement de passer du « oui mais » au « oui donc », mais de réaliser ce « oui donc » dans notre vie et ainsi de la transformer. Elles nous guident et nous soutiennent dans le « oui donc », sur cette passerelle qui traverse le précipice et qui nous mène à la terre promise. C’est à dire à la vie qui nous convient, la vie dans laquelle nous sommes libérés de toute contrainte et de toute souffrance.
Pour être pleinement effectif, le « oui donc » nous demande de l’apprentissage. Bien que ce soit une faculté innée, le « oui donc » demande une réinitialisation. Car toute compétence non utilisée s’appauvrit. Et notre éducation familiale, l’enseignement scolaire, le mode du vivre ensemble occidental, essentiellement basés sur la peur, la compétition et le principe du punition-récompense, laissent beaucoup plus de place au « oui mais » qu’au « oui donc ». Nous ne pratiquons donc que très peu le « oui donc » pendant notre développement physique, mental et émotionnel.
Les rares fois où nous utilisons le « oui donc », c’est quand nous nous plaçons d’abord dans le cœur et pas seulement dans la tête. Quand nous sommes dans le sentiment et non dans les émotions ou le mental. C’est ce qui se passe chez les tout jeunes enfants. C’est ce qui se passe quand vous voyez une personne dans une profonde détresse et que vous vous sentez appelé à l’aider, à l’accompagner, à lui venir en aide. A ce moment là, vous ne vous posez plus de question. Vous ne vous demandez pas si vous avez envie ou pas d’être avec cette personne, de faire ou pas ce qui serait bénéfique pour cette personne. Tout le monde a déjà vécu ces moments là où aider est une évidence, un appel de l’intérieur, un cri du cœur. Ce sont des instants spontanés de comportement d’amour inconditionnel et de bienveillance. Car cela appartient à notre nature profonde, à l’essence divine de tout être. Mais cet élan de cœur est souvent brisé, stoppé ou limité par les peurs, les contraintes, les désirs, les croyances limitantes, les dogmes et principes, … tous autant d’affublements de notre personnalité, « clone » fabriquée par l’ego dans les moules d’une société instituée par quelques individus s’autoproclamant « guides et maîtres du monde ».
Pour décliner les qualités du coeur qui nous permettent de transformer notre « oui donc » en paradis, soyons spontanés, car cela se produit souvent quand on ne réfléchit pas trop. Nous détenons en nous la clé du « paradis sur Terre », cette compétence du « Oui donc » capable d’illuminer notre vie des sentiments de joie, de paix, d’abondance, de bonne santé et d’amour. Alors la vie de plaisirs passagers et insatisfaits laissera place à un contentement durable et infini né dans le cœur. Nous avons juste besoin de nous réapproprier cette compétence, de la sortir des oubliettes dans laquelle elle a été enfermée. Et il est plus que temps de la remettre en lumière.